VAE en Île-de-France : une voie d’accès aux diplômes menacée par la suppression des financements
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Depuis le début de 2025, le dispositif de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) en Île-de-France traverse une crise sans précédent. En seulement deux mois, près de 940 personnes se sont tournées vers les Centres de Conseil VAE pour se renseigner sur leurs droits. Ce chiffre témoigne d’un besoin toujours aussi fort de reconnaissance des compétences acquises en entreprise. Pourtant, avec la diminution drastique des financements publics, l’accès à la VAE devient un parcours semé d’embûches, excluant de nombreux candidats pourtant éligibles.
Un large public mobilisé, mais fragilisé
Parmi les 938 candidats ayant sollicité des conseils, 50 % sont demandeurs d’emploi, confirmant le rôle clé de la VAE dans la réinsertion professionnelle et la sécurisation des parcours. Fait notable, 58 % des postulants sont des femmes, ce qui illustre l’importance de ce dispositif pour celles qui souhaitent faire reconnaître leur expérience après des carrières souvent marquées par des pauses ou des reconversions.
Cependant, l’accès à la certification reste déséquilibré : 92 % des candidats visent des diplômes du référentiel classique, tandis que seulement 8 % s’orientent vers les certifications proposées par la plateforme France VAE, récemment mise en place. Un signe que l’offre peine encore à s’adapter aux attentes des professionnels.
Un accès au conseil devenu un obstacle majeur
L’un des changements les plus problématiques de la réforme concerne la suppression du financement des conseils en VAE en Île-de-France. Désormais, les entretiens d’orientation se limitent à 10 minutes, rendant difficile une évaluation approfondie de la faisabilité des projets. Malgré ce temps restreint, il ressort que 72 % des candidats disposent d’un parcours potentiellement éligible à la VAE.
Mais franchir les étapes suivantes devient un défi de taille : l’accompagnement, autrefois financé, doit désormais être pris en charge par les candidats eux-mêmes, une charge financière trop lourde pour les plus précaires.
Un abandon massif faute de moyens
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : seuls 8 % des candidats ont pu réellement entamer un parcours VAE, tandis que 66 % ont dû y renoncer. Parmi ceux qui abandonnent, 87 % évoquent l’absence d’aides financières comme principale raison. Cette réalité dessine une forme d’exclusion silencieuse où l’éligibilité et la motivation ne suffisent plus.
Vers une disparition progressive de la VAE ?
Si cette tendance se confirme à l’échelle nationale, le nombre de validations pourrait chuter à moins de 5 000 en 2025, contre environ 25 000 avant la réforme. Une diminution dramatique qui laisse plus de 30 000 personnes sans solution pour valoriser leur expérience, avec un impact direct sur l’emploi et la reconnaissance des compétences.
Quelles solutions pour sauver la VAE ?
Face à cette situation critique, il devient impératif de restaurer un accès équitable à la VAE. Deux mesures pourraient être mises en place rapidement :
- Un abondement du CPF dédié à la VAE, compris entre 1 500 et 2 000 euros, pour couvrir les frais d’accompagnement et de certification.
- Le rétablissement d’un véritable service de conseil, permettant d’orienter efficacement les candidats et d’optimiser leurs démarches.
Un enjeu de justice sociale et professionnelle
La VAE est bien plus qu’un simple dispositif administratif : elle représente un levier d’égalité des chances et de progression professionnelle. En restreindre l’accès, c’est accentuer les inégalités et priver des milliers de travailleurs d’une reconnaissance légitime de leurs compétences.
Il est encore temps d’agir pour que la VAE ne devienne pas un privilège réservé aux seuls candidats capables d’en assumer les coûts.